jeudi 23 octobre 2014

[Fr] - Pascal Fioretto - Interview

« Longtemps, j’ai essayé d’être drôle. Je n’ai jamais nourri de plus haute ambition que celle de faire s’esclaffer à tout prix mes contemporains. Ces dernières années, j’avais atteint l’apogée de ma carrière en écrivant tous les jours pour « l’humoriste préféré des Français ». Et puis, un jour, j’ai compris que j’avais assez ri et assez fait rire…»

Pascal Fioretto, Un condamné à rire s'est échappé, Plon, 2014.
 

Pascal Fioretto fait le pari, dans ce roman, de passer une saison entière sans rire. Rarement pari raté n’aura été aussi réussi.



"Pascal Fioretto est né en 1962 à Saint-Étienne. Matheux contrarié, après un bac scientifique, il enchaîne avec un bac littéraire puis retourne à ses calculs et s’inscrit
en Maths Sup. Diplômé de l’École Nationale Supérieure de Chimie de Montpellier, il cultive sa graphomanie sévère en fondant un journal étudiant puis intègre le gang des pastiches Jalons où les parodies de journaux et les livres s’enchaînent Repéré par Marcel Gotlib et Bruno Léandri, il intègre l’équipe de Fluide Glacial , plaque son travail alimentaire et tente de survivre de négritudes littéraires en piges volantes…
En 2006, il publie un premier livre sous son vrai nom : Gay Vinci Code (Chiflet &Cie).
Il enchaîne, en 2007, avec “Et si c’était niais” (Chiflet&Cie), pastiche de 11 « grandes plumes » contemporaines françaises qui a fait, depuis, l’objet d'une édition dans la collection « Classique & Contemporains » à destination des lycées et collèges (Magnard).
En 2008, son recueil de pastiches des méthodes de développement personnel : “La joie du Bonheur d’être heureux” (Chiflet&Cie) lui vaut d’être classé plusieurs mois dans les meilleures ventes… des méthodes de «Santé & Bien être ».
En 2009, il sort un nouveau recueil de pastiches : “L’Elégance du Maigrichon” (Chiflet & Cie) puis, pour la rentrée littéraire 2010, un très discuté “Petit Dictionnaire Enervé de nos vies de cons” aux Editions de l’Opportun.
Le 23 juin 2010, il reçoit le prestigieux Prix Tortoni.
Parallèlement, il a publié en 2007 avec Albert Algoud “Le pacte secret” (Albin Michel)  et “Elysée Machine”  (Hugo & Cie) puis, en 2009, “La France Vue du sol” (Chiflet & Cie) avec Bruno Léandri et Vincent Haudiquet  Il a aussi travaillé à l’adaptation française du recueil de pensées de Jerry Seinfeld “Le monde selon moi” (Chiflet & Cie).
Il est actuellement complice de l’émission « Des papous dans la Tête », le dimanche  à 12h45 sur France Culture,  plume  avec Albert Algoud, pour la chronique quotidienne de Laurent Gerra sur RTL, chroniqueur au mensuel Fluide Glacial et scénariste pour la télévision."
Source très officielle : sa biographie officielle de son site officiel.


J'ai eu le privilège de rencontrer pour la deuxième fois Pascal Fioretto au Salon Littéraire Les Mots Doubs 2014.
Voici les minutes de l'entretien qu'il m'a accordé.
Je lui adresse mes plus sincères remerciements pour sa disponibilité, sa bienveillance et son humour.


Pouvez-vous vous présenter, dire qui vous êtes, votre parcours… ?
Je suis humoriste de profession, je collabore à l'émission Des papous dans la tête sur France Culture, je participe à la revue Fluide Glacial,  j'ai écrit les textes pendant de nombreuses années de Laurent Gerra pour la Matinale de RTL. J'ai écrit des livres : je suis pasticheur. Pasticheur du roi, c'est-à-dire que je croque, j'imite le style de nos auteurs contemporains, nos têtes de gondole.


Vous êtes un habitué des Mots Doubs. C'est la quantième fois que vous y participez ?

C'est la sixième ou la septième fois que je viens, que j'ai la chance d'être invité, car c'est un privilège, à cette grande manifestation de rentrée.


Le contact avec le public franc-comtois se passe bien ?

Alors visiblement, le public franc-comtois a soif de littérature, parce que effectivement, cela se passe très bien. D'abord, il y a un monde fou, ensuite on vend beaucoup de livres, et ensuite on a des contacts personnalisés puisque d'années en années on retrouve les mêmes lecteurs qui viennent soit se plaindre soit vous féliciter pour le bouquin qu'ils ont acheté l'année d'avant !

Vous êtes un très grand pasticheur, vous avez écrit de très nombreux romans, des pastiches. Vous imitez le style de l'auteur ou le genre littéraire. On peut citer peut-être votre roman le plus connu Et si c'était niais où vous imitez des figures intouchables ou incontournables de la littérature francophone comme Amélie Nothomb, Marc Lévy, Jean d'Ormesson...

Ca l'a fait beaucoup rire !

Vous vous attaquez également à Pascal Sevran, c'était plutôt inattendu. 

Paix à son âme. A l'époque où je l'ai pastiché, il était en grande forme et surtout il produisait une littérature abondante sous forme d'un journal. Alors effectivement, je me suis glissé dans ses pantoufles, et j'ai écrit de nouveaux chapitres à son journal.
Donc en fait, en deux recueil de pastiches, Et si c'était niais et L'Elégance du maigrichon, j'ai croqué une vingtaine d'auteurs contemporains et qui sont tous, je crois, venus un jour où l'autre aux Mots Doubs ! Et ma fierté, c'est que ces pastiches font l'objet d'une édition scolaire, puisqu'au programme de Première Littéraire figure le pastiche et l'imitation, et que donc ces textes sont étudiés. J'en suis vraiment très fier. Qui l'eût cru pour un humoriste qui fait des pignolades !

Il s'agit donc d'une véritable consécration que de vous retrouver dans les programmes scolaires, d'être étudié par nos chers gamins, pour les inviter à faire eux aussi des pastiches pour, qui sait, devenir les Pascal Fioretto de demain. Au pluriel Fioretti...?
Vous publiez votre dernier roman, ou récit, on ne sait pas trop : Un condamné à rire s'est échappé. C'est l'histoire d'un écrivain, qui pourrait être vous en définitive, qui a toujours écrit des œuvres humoristiques et qui un jour va se décider à devenir un écrivain 'sérieux'.

Je fais le récit d'une saison entière passée sans rire. Pourquoi ai-je pris ce pari étrange ? C'est que j'étais arrivé au terme de plusieurs saisons d'écriture pour Laurent Gerra, j'étais arrivé à une espèce de fatigue. Et j'ai reçu une lettre d'un ami qui me disait "Ah, j'ai appris que tu écrivais pour Gerra. Et bien figure-toi que tous les matins je suis coincé dans les embouteillages et je vois autour de moi les automobilistes tressauter de rire dans leur voiture !" Il pensait me faire plaisir, mais cela m'a renvoyé une image du rire qui était presque inquiétante. J'ai donc décidé de m'interroger sur le rôle de l'humoriste et sur la fonction de l'humour dans ma vie et dans celle de mes contemporains. Est-ce que, comme le dit Finkelkraut, "le rire est un puissant moyen d'aliéner les foules" ou bien est-ce un moyen de rendre la vie supportable, plus belle. Donc je raconte tout cela, et en faisant ce pari-là, j'arrête de rire, je prends les gens, les choses au sérieux, et voyons ce qu'il se passe. C'est ce que je raconte dans ce roman, et je crains d'avoir raté mon pari, c'est-à-dire de rire et de faire rire mes lecteurs. Enfin, vous me le direz.
  



http://www.pascalfioretto.net/bibliographie/un-condamne-a-rire-sest-echappe/