mercredi 3 décembre 2014

[Fr] - Agnès Vannouvong - Interview

Agnès Vannouvong est une jeune écrivaine prolifique et une universitaire au parcours brillant. Elle présente son essai Jean Genet, les revers du genre, Presses du Réel, Dijon, 2010 ; son roman Après l'amour, Mercure de France, Paris, 2013 ainsi que son roman à paraitre Gabrielle, Mercure de France, Paris, 2015.


Ce n'est pas le sexe qui m'intéresse. 
C'est ce qui se trouve à l'origine de l'érotisme, le désir. 
Ce qu'on ne peut, peut-être qu'on ne doit pas, apaiser avec le sexe. 
Le désir est une activité latente et en cela il ressemble à l'écriture : 
on désire comme on écrit, toujours.

Marguerite Duras.

Vous êtes à Besançon car vous avez été invitée à participer à un séminaire organisé par le Centre de Recherches Interculturelles et Transdisciplinaires (EA 3224), séminaire vous étant consacré ; le thème est genre et amour. Vous venez échanger avec les chercheur.ses autour de votre roman Après l'amour. Quel est votre parcours ?

Photo : Nadège Murez
J'ai fait des études de Lettres qui m'ont amenée à travailler sur la problématique du genre et des identités sexuelles. Je suis l'auteure d'une thèse sur Jean Genet, publiée aux Presses du Réel, qui s'intitule Jean Genet, les revers du genre. Et par ailleurs, je suis écrivain, j'ai publié un premier roman Après l'amour, publié au Mercure de France ; et je suis
enseignante à l'Université de Genève.



Votre roman est un récit cru, mais néanmoins plein de finesse et de sensibilité sur le deuil de l'amour, parfois long, après une rupture ; un texte chargé d'érotisme où les corps se livrent et s'expriment sans tabou, où seul le plaisir compte ; des corps de femmes, exclusivement, qui nous dévoilent leur intimité et nous ouvrent les portes de la communauté lesbienne de Paris ; et est l'occasion pour le lecteur d'une promenade dans les différents arrondissements de la capitale. Frénétique, l'écriture se met au diapason de cette ronde séductrice, cette course à la jouissance. Quelle est la part d'autobiographie ou d'autofiction dans le roman ?


Sur la couverture d'Après l'amour figure un genre littéraire qu'est le roman. Bien sûr, quand on écrit, on écrit à partir de soi. Je suis partie effectivement d'une expérience personnelle, une séparation, une expérience très commune pour les uns et les autres, et à partir de là j'ai fictionnalisé, fantasmagorisé, mis en fiction une expérience intime. L'autofiction est un genre littéraire dans lequel je ne me reconnais pas. C'est une étiquette qui ne me convient pas, donc je n'emploierai pas ce terme pour qualifier mon travail. D'ailleurs, je préfère le terme de roman qui me paraît plus libre et qui correspond d'avantage à ce que je peux faire. Le roman, c'est l'imaginaire, l'imagination, la création.



Quelle est la genèse de ce roman ? Comment le sujet est-il venu à vous ?

J'ai toujours voulu écrire un texte sur le corps, sur le désir, sur la sexualité entre les femmes, et c'est quelque chose qui est peut-être en lien avec mon travail universitaire. Vers 2008-2009, j'étais en train de réécrire ma thèse pour la publier sous la forme d'un essai, et je m'ennuyais tellement que j'ai naturellement ouvert un fichier pour une fiction et Après l'amour a commencé comme ça. Ce n'est pas tout à fait un malentendu, mais c'est un désir de m'embarquer dans une écriture autre que l'écriture académique et j'y ai trouvé un très grand plaisir.



Ce n'est pas souvent que des auteurs disent qu'ils ont commencé à écrire parce qu'ils s'ennuyaient ! Ce n'est pas très commun, et j'ose dire heureusement que vous vous êtes ennuyée à ce moment-là sinon ce roman ne serait pas né.
Quel est votre projet littéraire, votre credo littéraire ? Pourquoi écrivez-vous et quelle est l'intention que vous mettez derrière votre écriture ?

Ce qui m'intéresse dans la littérature, c'est la question de la vérité, du réel, de l'authenticité. J'ai accordé dans ce roman une place très importante à la question de la sensation. Qu'éprouve-t-on, que ressent-on après une séparation ? Comment se reconstruit-on, comment se refait-on, et comment se défait-on d'une histoire passée pour devenir autre ? Voilà quel a été le point de départ. Aujourd'hui, d'autres questions me préoccupent, des questions plus politiques. Ce texte, Après l'amour, est un texte politique, quelque part, puisqu'il parle d'un désir qui s'inscrit en dehors des normes. Je crois que la question de la politique, des écarts, de la limite de ce qui se fait, de ce qui ne se fait pas, de ce qui se dit, de ce qui ne se dit pas m'intéresse. C'est la raison pour laquelle j'ai travaillé longtemps sur l'oeuvre de Jean Genet.



Vous avez donc fait votre thèse sur Jean Genet, vous en avez publié une monographie Jean Genet, les revers du genre, aux Presses du Réel en 2010. Genet, comme le dit votre éditeur, est "un auteur politiquement incorrect, non récupérable. Son
oeuvre, inclassable, tordue et queer, dérange les identités, déstabilise les normes". Parlez-nous de ce personnage et de l'interprétation que vous avez fait de cet auteur, justement, inclassable.

Jean Genet est un auteur, un paria non institutionnalisé. On ne peut pas le classer. Par exemple, on ne peut pas faire de lui un écrivain Blanc du fait de ses prises de position en faveur du peuple palestinien, en faveur des Black Panthers. Cette façon de prendre parti pour une minorité contre la majorité est passionnante. Ce qui m'a intéressée chez lui, c'est aussi son histoire : un enfant abandonné, qui s'est construit seul, qui a fait de la prison, qui est une figure marginale qui a intégré cet univers très feutré et très codé de Saint-Germain-des-Prés. C'est quelqu'un qui a toujours résisté aux normes et qui a toujours été à contre-courant. Et c'est précisément ça l'écart, la différence, la façon de s'inscrire en dehors de la norme qui est fascinante. J'aime cet auteur en particulier parce qu'il a une oeuvre totalement prolifique : il a publié aussi bien des essais politiques, esthétiques, mais aussi des romans, du théâtre, de la poésie, et je trouve que c'est une oeuvre totale, tout à fait unique dans l'histoire littéraire du XXè siècle. 



Qu'est-ce que ça fait de passer derrière Jean-Paul Sartre qui a beaucoup travaillé sur Genet ? A croire qu'il n'a pas épuisé le sujet ! On peut l'ériger en figure de la liberté, en figure libertaire, et Sartre s'est intéressé au concept même de la liberté. Quel rapport entretenez-vous avec l'étude de Sartre sur le concept Genet ?

Je trouve que le texte critique le plus important, c'est précisément Saint Genet : comédien et martyr. C'est un texte que Genet détestait ! Après cette publication, il n'a pas écrit pendant des années ! Peut-être est-ce par la façon d'entrer dans son oeuvre par la perspective biographique, qui est intéressante même si elle peut paraitre dépassée. Ce que met en lumière Sartre, c'est cette notion de tourniquet des identités, que je reprends à ma sauce dans mon essai pour montrer que le genre est une notion totalement réversible. Le masculin et le féminin sont des constructions socioculturelles. Je ne sais pas si l'on peut dire que Sartre est précurseur des études queer, mais l'apport qu'il a dans la lecture de Genet est tout à fait cruciale.



Quels sont vos projets à venir ?

En janvier 2015, paraitra mon nouveau roman Gabrielle au Mercure de France. C'est un roman que j'ai écrit très vite au moment des débats très violents et haineux sur le mariage pour tous. C'est un roman choral qui met en scène la destinée d'un groupe d'amis dont le point commun est la question de la filiation. Vouloir un enfant en dehors du couple, en dehors de l'institution du mariage. Un texte en somme assez politique.


Mes sincères remerciements à Agnès Vannouvong et aux membres du CRIT.

Ecouter l'entretien : 

jeudi 23 octobre 2014

[Fr] - Pascal Fioretto - Interview

« Longtemps, j’ai essayé d’être drôle. Je n’ai jamais nourri de plus haute ambition que celle de faire s’esclaffer à tout prix mes contemporains. Ces dernières années, j’avais atteint l’apogée de ma carrière en écrivant tous les jours pour « l’humoriste préféré des Français ». Et puis, un jour, j’ai compris que j’avais assez ri et assez fait rire…»

Pascal Fioretto, Un condamné à rire s'est échappé, Plon, 2014.
 

Pascal Fioretto fait le pari, dans ce roman, de passer une saison entière sans rire. Rarement pari raté n’aura été aussi réussi.



"Pascal Fioretto est né en 1962 à Saint-Étienne. Matheux contrarié, après un bac scientifique, il enchaîne avec un bac littéraire puis retourne à ses calculs et s’inscrit
en Maths Sup. Diplômé de l’École Nationale Supérieure de Chimie de Montpellier, il cultive sa graphomanie sévère en fondant un journal étudiant puis intègre le gang des pastiches Jalons où les parodies de journaux et les livres s’enchaînent Repéré par Marcel Gotlib et Bruno Léandri, il intègre l’équipe de Fluide Glacial , plaque son travail alimentaire et tente de survivre de négritudes littéraires en piges volantes…
En 2006, il publie un premier livre sous son vrai nom : Gay Vinci Code (Chiflet &Cie).
Il enchaîne, en 2007, avec “Et si c’était niais” (Chiflet&Cie), pastiche de 11 « grandes plumes » contemporaines françaises qui a fait, depuis, l’objet d'une édition dans la collection « Classique & Contemporains » à destination des lycées et collèges (Magnard).
En 2008, son recueil de pastiches des méthodes de développement personnel : “La joie du Bonheur d’être heureux” (Chiflet&Cie) lui vaut d’être classé plusieurs mois dans les meilleures ventes… des méthodes de «Santé & Bien être ».
En 2009, il sort un nouveau recueil de pastiches : “L’Elégance du Maigrichon” (Chiflet & Cie) puis, pour la rentrée littéraire 2010, un très discuté “Petit Dictionnaire Enervé de nos vies de cons” aux Editions de l’Opportun.
Le 23 juin 2010, il reçoit le prestigieux Prix Tortoni.
Parallèlement, il a publié en 2007 avec Albert Algoud “Le pacte secret” (Albin Michel)  et “Elysée Machine”  (Hugo & Cie) puis, en 2009, “La France Vue du sol” (Chiflet & Cie) avec Bruno Léandri et Vincent Haudiquet  Il a aussi travaillé à l’adaptation française du recueil de pensées de Jerry Seinfeld “Le monde selon moi” (Chiflet & Cie).
Il est actuellement complice de l’émission « Des papous dans la Tête », le dimanche  à 12h45 sur France Culture,  plume  avec Albert Algoud, pour la chronique quotidienne de Laurent Gerra sur RTL, chroniqueur au mensuel Fluide Glacial et scénariste pour la télévision."
Source très officielle : sa biographie officielle de son site officiel.


J'ai eu le privilège de rencontrer pour la deuxième fois Pascal Fioretto au Salon Littéraire Les Mots Doubs 2014.
Voici les minutes de l'entretien qu'il m'a accordé.
Je lui adresse mes plus sincères remerciements pour sa disponibilité, sa bienveillance et son humour.


Pouvez-vous vous présenter, dire qui vous êtes, votre parcours… ?
Je suis humoriste de profession, je collabore à l'émission Des papous dans la tête sur France Culture, je participe à la revue Fluide Glacial,  j'ai écrit les textes pendant de nombreuses années de Laurent Gerra pour la Matinale de RTL. J'ai écrit des livres : je suis pasticheur. Pasticheur du roi, c'est-à-dire que je croque, j'imite le style de nos auteurs contemporains, nos têtes de gondole.


Vous êtes un habitué des Mots Doubs. C'est la quantième fois que vous y participez ?

C'est la sixième ou la septième fois que je viens, que j'ai la chance d'être invité, car c'est un privilège, à cette grande manifestation de rentrée.


Le contact avec le public franc-comtois se passe bien ?

Alors visiblement, le public franc-comtois a soif de littérature, parce que effectivement, cela se passe très bien. D'abord, il y a un monde fou, ensuite on vend beaucoup de livres, et ensuite on a des contacts personnalisés puisque d'années en années on retrouve les mêmes lecteurs qui viennent soit se plaindre soit vous féliciter pour le bouquin qu'ils ont acheté l'année d'avant !

Vous êtes un très grand pasticheur, vous avez écrit de très nombreux romans, des pastiches. Vous imitez le style de l'auteur ou le genre littéraire. On peut citer peut-être votre roman le plus connu Et si c'était niais où vous imitez des figures intouchables ou incontournables de la littérature francophone comme Amélie Nothomb, Marc Lévy, Jean d'Ormesson...

Ca l'a fait beaucoup rire !

Vous vous attaquez également à Pascal Sevran, c'était plutôt inattendu. 

Paix à son âme. A l'époque où je l'ai pastiché, il était en grande forme et surtout il produisait une littérature abondante sous forme d'un journal. Alors effectivement, je me suis glissé dans ses pantoufles, et j'ai écrit de nouveaux chapitres à son journal.
Donc en fait, en deux recueil de pastiches, Et si c'était niais et L'Elégance du maigrichon, j'ai croqué une vingtaine d'auteurs contemporains et qui sont tous, je crois, venus un jour où l'autre aux Mots Doubs ! Et ma fierté, c'est que ces pastiches font l'objet d'une édition scolaire, puisqu'au programme de Première Littéraire figure le pastiche et l'imitation, et que donc ces textes sont étudiés. J'en suis vraiment très fier. Qui l'eût cru pour un humoriste qui fait des pignolades !

Il s'agit donc d'une véritable consécration que de vous retrouver dans les programmes scolaires, d'être étudié par nos chers gamins, pour les inviter à faire eux aussi des pastiches pour, qui sait, devenir les Pascal Fioretto de demain. Au pluriel Fioretti...?
Vous publiez votre dernier roman, ou récit, on ne sait pas trop : Un condamné à rire s'est échappé. C'est l'histoire d'un écrivain, qui pourrait être vous en définitive, qui a toujours écrit des œuvres humoristiques et qui un jour va se décider à devenir un écrivain 'sérieux'.

Je fais le récit d'une saison entière passée sans rire. Pourquoi ai-je pris ce pari étrange ? C'est que j'étais arrivé au terme de plusieurs saisons d'écriture pour Laurent Gerra, j'étais arrivé à une espèce de fatigue. Et j'ai reçu une lettre d'un ami qui me disait "Ah, j'ai appris que tu écrivais pour Gerra. Et bien figure-toi que tous les matins je suis coincé dans les embouteillages et je vois autour de moi les automobilistes tressauter de rire dans leur voiture !" Il pensait me faire plaisir, mais cela m'a renvoyé une image du rire qui était presque inquiétante. J'ai donc décidé de m'interroger sur le rôle de l'humoriste et sur la fonction de l'humour dans ma vie et dans celle de mes contemporains. Est-ce que, comme le dit Finkelkraut, "le rire est un puissant moyen d'aliéner les foules" ou bien est-ce un moyen de rendre la vie supportable, plus belle. Donc je raconte tout cela, et en faisant ce pari-là, j'arrête de rire, je prends les gens, les choses au sérieux, et voyons ce qu'il se passe. C'est ce que je raconte dans ce roman, et je crains d'avoir raté mon pari, c'est-à-dire de rire et de faire rire mes lecteurs. Enfin, vous me le direz.
  



http://www.pascalfioretto.net/bibliographie/un-condamne-a-rire-sest-echappe/

lundi 22 septembre 2014

[Fr] - Ignacio del Valle - interview

J'ai eu la chance de rencontrer l'écrivain Ignacio del Valle au salon littéraire Les Mots Doubs à Besançon. C'est un jeune écrivain tout ce qu'il y a de plus prolifique. Il a reçu de nombreux prix littéraires, et son œuvre est traduite dans plusieurs langues.

Source: www.ignaciodelvalle.es

Il entretient une colonne d'opinion dans le journal El Comercio de Gijón et collabore à de nombreux médias. Il anime des conférences et des ateliers, et présente la section culturelle Afinando los sentidos sur l'antenne d'Onda Cero Radio.

 

Traduction de l'interview en espagnol réalisée le 20 septembre 2014 à Besançon.
Sincères remerciements à Ignacio del Valle.


Pouvez-vous vous présenter, dire qui vous êtes, votre parcours… ?

Je suis Ignacio del Valle, écrivain espagnol, je suis ici à Besançon pour présenter mon dernier roman, Cherche ma face, et vous pouvez consulter mon parcours sur Facebook, sur Twitter, sur mon blog, j’ai également un site Internet www.ignaciodelvalle.es. Et jusqu’à maintenant, j’ai écrit la trilogie d’Arturo Andrade sur la Seconde Guerre Mondiale, un livre de contes, et j’invite donc les auditeurs à s’approcher de mon œuvre, entre autres par Internet !


Fantastique ! Vous êtes un écrivain 2.0 !

Oui, il faut être à l’air du temps ! Je ne peux pas m’en empêcher !

Quel est le genre dans lequel vous écrivez, et surtout quel est votre credo littéraire ; pourquoi écrivez-vous et pour quoi ?

Ce qui m’intéresse, c’est de grandir comme écrivain. La trilogie d’Arturo Andrade est ce qu’on appelle en France un roman noir, un romain policier. Cette trilogie couvre la période de 1939 à 1945, avec un double focus, ce que j’appelle la macroéconomie et la microéconomie, c’est-à-dire les grands faits historiques et comment ils affectent les personnages. Mais pour grandir comme écrivain, il faut batailler  contre et avec différentes structures,  différents genres. C’est pourquoi j’ai écrit ce livre de contes, c’est pourquoi mes projets futurs sont des romans plus littéraires, pour revenir surement au genre noir plus tard. Il y a une phrase que j’aime beaucoup c’est : « les choses que tu ne contrôles pas, ce sont ce qui te forment, te modèlent. » En littérature, c’est la même chose. Tant pour la vie comme la littérature. C’est pourquoi il faut être au courant des choses avec lesquels on n’est pas à l’aise, et c’est ce qui permet de grandir comme personne et comme écrivain.
Quelle est la seconde question ?


Votre credo littéraire.

Et bien, je crois que l’objectif de base de mes romans est d’un côté, la recherche d’une perspective sur des époques déterminées,  c’est-à-dire que je raconte une histoire qui donne des perspectives sur, par exemple, une période historique ou une situation émotionnelle, et d’un autre côté, c’est provoquer une réaction émotionnelle chez le lecteur. Cette conjonction marche quand on trouve un équilibre entre le style, la trame et la structure. Si on arrive à faire fonctionner cela tout ensemble, on peut écrire un roman qui a du sens. 

Avant de nous intéresser à votre dernier roman, je voudrais d’abord me focaliser plus sur la trilogie d’Arturo Andrade. D’où vous vient cette passion que vous avez pour la Seconde Guerre Mondiale et pour la culture allemande ? J’ai vu, entre autres, que vous étiez un inconditionnel de Bach...

De Bach, de Schubert, de Corelli, qui est italien, mais qui est allemand bien qu’il ne le sache pas ! Il y a une période de ma vie qui a été très importante où j’ai découvert la culture allemande, la musique, la littérature, la philosophie, et je me suis trouvé un grand intérêt pour l’histoire de l’Allemagne. Il est curieux pour moi de voir comment, dans les années 30, dans le pays le plus alphabétisé d’Europe, surgit un trou noir qu’est le national-socialisme, qui détruit des centaines d’années de civilisation. Et durant treize ans, il n’y a rien, il y a ce trou noir qui avale énergie et lumière et qui a tout fichu en l’air. Ce qui m’intéresse, c’est savoir pourquoi il s’est passé cela. Ça a été la genèse des Démons de Berlin, le dernier volet de la trilogie. Après, j’avais d’autres intérêts dans un fait comme la Seconde Guerre Mondiale, qui pour moi est le fait, historiquement parlant, le plus important des 500 dernières années. Certains disent que c’est la découverte de la pénicilline, ce qui est très important, mais la Seconde Guerre Mondiale est une révolution totale. Le rôle des Espagnols a été également très évident, à travers la División Azul. Cela m’a intéressé de savoir pourquoi est-ce qu’on a envoyé une division pour se battre contre les Russes au sein de la Wehrmacht. Et m’a intéressé également l’aspect humain d’un fait qui en principe est déformé par des questions idéologiques. Et donc mon personnage Arturo Andrade établit des relations avec les Russes où ils ont dû vivre pendant deux ans à -40°C ; c’est aussi une aventure humaine. 

Vous abordez également l’Union Soviétique, la question du stalinisme, est-ce un thème qui vous parle ?

La culture russe a été très importante pour moi. Dans ma vie, j’ai toujours lu par étapes ; j’ai eu une étape russe, une étape française, une étape grecque, et donc pendant la période russe, on ne peut pas échapper à Boulgakov, Tolstoï, Dostoïevski, de Tchekhov. Ça m’a produit un grand intérêt pour la culture russe, et plus particulièrement tout ce qui sont les idéologies totalitaires. On ne peut pas séparer la culture russe de la période de la révolution bolchevique. J’ai beaucoup lu, Trotski m’intéresse beaucoup, Lénine, mais surtout Trotski. C’est celui qui pouvait le mieux diagnostiquer la réalité, malgré le fait qu’il n’ait pas su voir venir l’avènement de Staline. Donc tout ce qui a à voir avec cette période de l’Histoire me fascine.




Nous allons parler de votre dernier roman, Derrière les masques, publié cette année, aux éditions Phébus. C’est un roman complètement différent de ce que vous avez fait jusqu’à maintenant. Ca ne se passe pas pendant la Seconde Guerre Mondiale, mais à notre époque aux Etats-Unis. Pouvez-vous nous en parler quelque peu ?

http://www.editionsphebus.fr/derriere-les-masques-ignacio-del-valle-9782752907929Et bien, j’ai commencé à écrire Derrière les masques par épuisement. J’ai passé huit ans à écrire la trilogie, et c’est un sujet qui ne tient plus dans mon esprit : les thèmes, la structure, la psychologie d’Arturo Andrade, etc. J’ai finalement cherché d’autres intérêts. J’ai lu pas mal de choses, et j’avais envie de faire un roman contemporain. Il faut toujours chercher de nouveaux défis ! Avec une structure et une époque différentes. Il y avait trois thèmes qui m’intéressaient : la chute de l’Union Soviétique en 1929, la globalisation économique et la guerre des Balkans. Alors comment connecter tout cela ? J’ai créé une trame avec beaucoup de personnages, de nombreux lieux : New-York, Amsterdam, Tel-Aviv, pour monter une espèce de grande partie de billard où les boules, il y a un effet domino, bougent et s'entrechoquent. Et donc essayer de connecter tout cela en racontant les vies de Shailesh Mathur, Erin Sohr et des autres personnages en ayant comme leitmotiv, comme MacGuffin comme dit Hitchcock, un prétexte qui fait fonctionner la trame comme carburant : c’est la persécution d’un criminel de guerre serbe qui s’appelle Victor, et à partir de là, surgissent tout un tas d’intrigues et d’histoires. 

Et dans ce roman, nous trouvons à nouveau les thèmes essentiels du roman noir : traite des Blanches, trafic de drogues, armes, prostitution, blanchiment d’argent, etc.

Oui, effectivement, tout cela forme le corpus de la trame. Mais ce qui m’intéressait, c’était de voir comment ces faits modèlent les personnages, comment cette macroéconomie influence la vie privée de mes personnages. C’est très intéressant d’obtenir cet équilibre entre ces deux aspects du roman. 

Pour terminer, pouvez-vous nous citer l'auteur français ou l'auteure française qui vous a le plus marqué ?

Romain Gary ! C’est l’écrivain qui est à l’honneur aux Mots Doubs. J’ai lu quatre ou cinq de ses romans, et même le dernier publié en Espagne, Europa. C’est un roman assez dense. Ça m’a plu, j’aime sa vie, j’aime sa manière d’envisager la littérature car, malgré le fait qu’en France il ait été traité d’écrivain commercial, il change de nom et se présente au Goncourt, et il le gagne deux fois ! Cette manière de voir la littérature m’enthousiasme, en plus d’être marié à une femme magnifique ! Et en plus, il a eu une autre vie que la vie littéraire, il a été chef d’entreprise, ambassadeur… Cette manière de vivre et d’aborder la littérature m’intéresse beaucoup !

Et peut-être qu’un jour vous aussi gagnerez le Goncourt !

Euh, bon ! Je suis quelqu’un de très optimiste !

 ***










lundi 12 mai 2014

(fr-pt) Des oiseaux et de la révolution / Sobre as aves e a revolução

Texte lu par Aurelio Fabião Ginja dans la XXXI Semaine de la Philosophie de la Aula Castelao de Pontevedra. (Traduction personnelle)


Eduardo Mondlane, fondateur du FRELIMO, peu de temps avant le début de la lutte armée, arriva au Mozambique en 1961 et racontait ce conte traditionnel de James Aggrey, intellectuel ghanéen, qui avait pour but de motiver son peuple à la geste libératrice.


L’aigle et la poule



« Il était une fois un paysan qui se rendit dans la forêt voisine pour y attraper un oiseau afin de le garder captif en sa maison. Il parvint à capturer un aiglon. Il le mit dans son poulailler avec les autres poules. Il mangeait la même ration de maïs que les poules bien qu’il fût le roi de tous les oiseaux.
James Emman Kwegyir Aggrey

Cinq ans plus tard, cet homme reçut chez lui la visite d’un naturaliste. Les deux hommes se promenèrent dans le jardin.
- Cet oiseau-là n’est pas une poule, dit le naturaliste. C’est un aigle.
- En effet, dit le paysan, c’est un aigle. Mais je l’ai élevé comme une poule. Ce n’est plus un aigle. Il est devenu une poule comme les autres malgré ses ailes de presque trois mètres d’envergure.
- Non, rétorqua le naturaliste. C'est et restera un aigle. Il a le cœur d’un aigle. Ce cœur le fera un jour voler dans les hauteurs.
- Non, non, insista le paysan. Il est devenu une poule et ne volera jamais comme un aigle.
Ils décidèrent donc de faire un essai. Le naturaliste prit l’aigle, le leva bien haut et le défia en disant :
- Puisque tu es de fait un aigle, puisque tu appartiens au ciel et non à la terre, ouvre tes ailes et vole !
L'aigle se mit sur le bras étendu du naturaliste. Il regarda autour de lui. Il vit les poules picorant les grains, et les rejoignit d'un bond.
- Je vous l'avais dit, dit le paysan, il est devenu une simple poule !
- Non, insista de nouveau le naturaliste. C'est un aigle. Il est et restera un aigle. Nous réessayerons demain.

Le jour suivant, le naturaliste monta avec l'aigle sur le toit de la maison et lui chuchota :
- Aigle, puisque tu es un aigle, ouvre tes ailes et vole !
Mais quand l'aigle vit en bas les poules, picorant le sol, il sauta et retourna vers elles.
Le paysan sourit et revint à la charge :
- Je vous l'avais dit, il est devenu une poule.
- Non, répondit fermement le naturaliste, c'est un aigle, il possédera toujours un cœur d'aigle. Nous allons réessayer une dernière fois. Demain, je le ferai voler.

Le jour suivant, le naturaliste et le paysan se levèrent tôt. Ils prirent l'aigle, l'emmenèrent en dehors de la ville, loin des maisons des hommes, sur le sommet d'une montagne. Le soleil naissant dorait le haut des collines. Le naturaliste leva l'aigle à bout de bras et lui ordonna :

- Aigle, puisque tu es un aigle, puisque tu appartiens au ciel et non à la terre, ouvre tes ailes et vole.
L'aigle regarda autour de lui. Il tremblait comme l'il aurait fait face à une nouvelle vie. Mais il ne vola pas. Le naturaliste le tint fermement, bien en direction du soleil pour que ses yeux puissent se remplir de la clarté du soleil et de l'étendue de l'horizon.
À ce moment-là, il ouvrit ses puissantes ailes, il cria comme le font les aigles et se dressa de manière souveraine, sur lui-même. Et il commença à voler, à voler dans les hauteurs, à voler de plus en plus haut. Il vola, vola, jusqu'à se confondre avec le bleu du firmament. »

Et James Aggrey de conclure :

« - Mes sœurs et mes frères, mes compatriotes ! Nous avons été élevés à l'image de Dieu ! Mais il y eut des personnes qui nous firent penser comme des poules. Et beaucoup d'entre nous pensent encore que nous sommes des poules. Mais nous sommes des aigles. C'est pourquoi, camarades, ouvrons les ailes et volons. Volons comme les aigles. Ne nous contentons jamais des grains que l'on nous a jetés aux pieds pour que nous les picorions.
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Texto lido por Aurelio Fabião Ginja na XXXI Semana da Fiolosofia da Aula Castelao de Pontevedra.

Eduardo Mondlane , um pouco antes do inicio da luta armada, quando em 1961, chegou a Moçambique recontou a estória tradicional de James Agrrey um educador ganes que para motivar o seu povo a gesta libertadora.


A águia e a galinha


« Era uma vez um camponês que foi à floresta vizinha apanhar um pássaro para mantê-lo cativo em sua casa. Conseguiu pegar um filhote de águia. Colocou-o no galinheiro junto com as galinhas. Comia milho e ração própria para galinhas. Embora a águia fosse o rei/rainha de todos os pássaros. 

Depois de cinco anos, este homem recebeu em sua casa a visita de um naturalista. Enquanto passeavam pelo jardim, disse o naturalista:
Esse pássaro aí não é galinha. É uma águia.
De fato – disse o camponês. É águia. Mas eu a criei como galinha. Ela não
é mais uma águia. Transformou-se em galinha como as outras, apesar das asas de quase três metros de extensão.
Não – retrucou o naturalista. Ela é e será sempre uma águia. Pois tem um coração de águia. Este coração a fará um dia voar às alturas.
Não, não – insistiu o camponês. Ela virou galinha e jamais voará como águia.
Então decidiram fazer uma prova. O naturalista tomou a águia, ergueu-a bem alto e desafiando-a disse:
Aurelio Fabião Ginja
Já que você de fato é uma águia, já que você pertence ao céu e não à terra,
então abra suas asas e voe!
A águia pousou sobre o braço estendido do naturalista. Olhava distraidamente
ao redor. Viu as galinhas lá embaixo, ciscando grãos. E pulou para junto delas.
O camponês comentou:
Eu lhe disse, ela virou uma simples galinha!
Não – tornou a insistir o naturalista. Ela é uma águia. E uma águia será sempre uma águia. Vamos experimentar novamente amanhã.
 
No dia seguinte, o naturalista subiu com a águia no tecto da casa. Sussurrou- lhe:
-Águia, já que você é uma águia, abra suas asas e voe!
Mas quando a águia viu lá em baixo as galinhas, ciscando o chão, pulou e foi
para junto delas.
O camponês sorriu e voltou à carga:
Eu lhe havia dito, ela virou galinha!
Não – respondeu firmemente o naturalista. Ela é águia, possuirá sempre um
coração de águia. Vamos experimentar ainda uma última vez. Amanhã a farei voar.

No dia seguinte, o naturalista e o camponês levantaram bem cedo. Pegaram a águia, levaram-na para fora da cidade, longe das casas dos homens, no alto de uma montanha. O sol nascente dourava os picos das montanhas.
O naturalista ergueu a águia para o alto e ordenou-lhe:
Águia, já que você é uma águia, já que você pertence ao céu e não à terra, abra suas asas e voe !
A águia olhou ao redor. Tremia como se experimentasse nova vida. Mas não voou. Então o naturalista segurou-a firmemente, bem na direção do sol, para que
seus olhos pudessem encher-se da claridade solar e da vastidão do horizonte. Nesse momento, ela abriu suas potentes asas, grasnou com o típico kau-kau das águias e ergueu-se, soberana, sobre si mesma. E começou a voar, a voar para o alto, a voar cada vez para mais alto. Voou... voou.. até confundir-se com o azul do firmamento. »


E Aggrey terminou conclamando:

– Irmãos e irmãs, meus compatriotas! Nós fomos criados à imagem e semelhança de Deus! Mas houve pessoas que nos fizeram pensar como galinhas. E muitos de nós ainda acham que somos efectivamente galinhas. Mas nós somos águias. Por isso, companheiros e companheiras, abramos as asas e voemos. Voemos como as águias. Jamais nos contentemos com os grãos que nos jogarem aos pés para ciscar. Termino confessando-vos um sonho, um desejo.




mercredi 22 janvier 2014

(fr) La Galice écrite en français.



Depuis la référence à la Galice comme une sorte d'El Dorado dans un des textes fondateurs de la littérature française, ce grand poème épique qu'est La Chanson de Rolland, jusqu'aux romans actuels ou reportages sur la catastrophe du Prestige, la Galice a eu son rôle, petit mais étonnant, tout au long de plus de mille ans de culture écrite en France. Les références, certaines banales, d'autres fantaisistes, beaucoup tout à fait certaines, peuvent se trouver gratuitement sur Internet dans cette étude écrite en français, La Galice racontée par des Français, par le philologue Henrique Harguindey. 
 
Traducteur au galicien de Molière ou Rabelais, entre autres grandes figures, il a trouvé durant quarante ans de lectures et de recherches des allusions à la Galice. « Ce pays est petit pour la littérature française, dit-il, il n'a pas un grand impact, mais la quantité de références et leur continuité surprend parce qu'on pensait qu'il n'y avait rien. » 

La présence galicienne au sein des Lettres françaises est bien hétérogène et couvre des champs divers du savoir comme la littérature, la sociologie ou la recherche scientifique. Par exemple, Albert Ier de Monaco, a étudié au XIX siècle la pêche de la sardine en Galice pour arriver à savoir pourquoi en France elles étaient en train de disparaître et a conclu que les marins galiciens faisaient une exploitation rationnelle et conservationniste des ressources.

Toujours au XIXème siècle, mais dans sa seconde moitié, l'hispaniste Jean Charles Davillier, accompagné du génial illustrateur Gustave Doré, parcourt l'Espagne de fond en combles et rédige des chroniques qui seront publiées dans la revue Le tour du monde
Ce qui attire l'attention c'est comment dans ses textes, contemporains des Cantares gallegos de Rosalia de Castro, figure fondatrice et emblématique de la littérature romantique galicienne, il capte le drame de l'émigration et le mépris qui s'exerçait vis-à-vis des émigrants galiciens dans tout l’État espagnol, et aussi leur émotion quand ils se remémorent leur terre. 
 
Avançons un peu plus dans le temps : un des écrivains clés du XX siècle, et un de mes préférés, Raymond Queneau, nous laisse un témoignage de son passage par Vigo avec une plaisanterie bien évidemment surréaliste à propos de Dino, un chien plus ou moins imaginaire. Rande, à côté de Vigo, lieu qui a servi de décor à l'un des épisodes de Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne est bien plus célèbre.

Victor Hugo raconte l'usurpation de la couronne du roi Garcia dans La Légende des siècles.


Malgré cette variété dans les regards et les approches, notre auteur parvient à tracer quelques liens de continuité. Ainsi, dans La Chanson de Rolland, en plus de faire référence à « l'or de la Galice » : qui évoque de manière presque mythique les mines d'or de l'époque roman, un de ses personnages est Hamon de Galice, connu comme étant Raymond le chevalier de Bourgogne et le père d'Afonso Reimondez, qui a été couronné roi de Galice en la cathédrale de Saint Jacques de Compostelle et plus tard également couronné roi de Castille et Léon en tant Alphonse VII l'Empereur. On trouve cette thématique dynastique dans des textes des XI, XIV, XV siècles et jusqu'au XIX quand Victor Hugo inclut dans La Légende des siècles un poème qui raconte l'usurpation de la couronne du roi García par ses fils, en réalité ses frères, dont Alphonse VII.

De cette veine sur les embrouilles du pouvoir, avec une base historique mais avec de hautes doses de fiction, Harguindey fait le compte rendu d'un autre aspect : les relations que les textes reflètent parmi ce qu'on appelle les nations celtes. De fait, dans Le Roman de Ponthus et Sidoine, un roman de chevalerie breton qui servait de modèle de conduite pour les fils de la noblesse, on raconte les péripéties de Ponthus dans un haut Moyen-Age imprecis. Ce personnage, fils de roi galicien, parvient à s'échapper par la mer de La Corogne après une attaque musulmane qui détruit la ville. Il s'installe en Bretagne, tombe amoureux de la fille du roi, mais après de nombreuses pirouettes narratives, à la fin de la reconquête de sa terre, il se marie avec sa fiancée et est nommé souverain de Galice et de Bretagne. Pendant son chemin, il a des contacts avec l'Irlande et l’Écosse, ce qui renforce la thèse du celtisme.

D'autres constantes dans la littérature française son les divers conflits entre la France napoléonienne et l'Espagne dès le début du XIX siècle. La cruauté de ce que l'on appelle ici la Guerre d'Indépendance, le capitaine Nicolas Marcel raconte dans ses mémoires comment il était éffaré face à la barbarie des deux camps et relate comment les troupes dont il faisait partie saccagent la ville de Camariñas en assassinant hommes, femmes et enfants sans distinction. 

En plus de ceux-ci et des nombreux autres regards français sur la Galice, on peut trouver sur le site d'Henrique Hardingueu quelques unes des traductions en galicien qu'il a faites, celles non sujettes au droit d'auteur. Ainsi, on peut lire en galicien Molière, Voltaire, François Rabelais ou même le poème de Victor Hugo sur Le Petit roi de Galice.




Voir : Palabras Desconxeladas, le site d'Henrique Hardinguey.